chroniques d'un temps futur 12

Publié le par M.

18 Mayal 1618



Durant ces mois écoulés, je grenouille, je me fais connaître de ma hiérarchie, je fais des ahres supplémentaires, je m'arrange pour être de tous les grands chantiers, je mets en valeur mon intelligence.

Je traite tous les problèmes à la leur source au lieu de soigner les symptômes comme les autres. Ma réputation d'efficacité commence à se répandre.

J'en ai profité pour passer des examens d'aptitude supérieure, vivement encouragée par mes chefs. Mon premier objectif est atteint. Certains se demandent s'il n'y a pas eu une erreur lors de mon affectation.

Que de temps perdu, tout ça parce que j'ai bullé au lieu de bosser mes examens. Où serais-je, si j'avais un temps soit peu travaillé lorsqu'il le fallait. Il est presque trop tard, je suis classe D.

J'ai aperçu Ethan de loin, droit et fier dans son uniforme noir d'Apprenti. Il n'a guère fait attention à moi, il fait partie des dirigeants et pour lui, je dois être un maillon social parmi tant d'autres. Comme le bétail l'est pour moi. Avant la fin de l'année, je dois être C.



Me relisant, je m'aperçois que mon ambition peut paraître déplacée, pire, comme une jalousie de mauvais aloi. La loi de notre société est claire : chaque rouage à sa place. C'est la règle de notre survie. Aussi l'ambition gratuite est considérée comme un mal social et voué au reconditionnement, voire pire si la société est mise en danger.
Ce n'est pas mon cas, je ne suis pas ambitieuse, je ne suis pas à ma place. Je me sens brimée alors que je fourmille d'idées pour améliorer notre génome.
Je me sens inutile. Et l'inutilité est un crime.


Publié dans chroniques du futur

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