chroniques d'un temps futur 2

Publié le par M.



6 Nova (CU – Calendrier Universel) 1615 de l'Exil.


Mon nouveau rang est : Commun classe E, le bas de l'échelle.

En dessous de moi, il y a les enfants, puis le bétail humain. Mon espérance de vie est portée à 75 ans. Le minimum.

Je paye le prix de ma feignantise.

Aujourd'hui, j'ai visité pour la première fois Begal-3: 725 femelles et 1089 mâles.

C'est mon premier contact avec le bétail humain.

Je suis restée un instant incalculable à observer cette femelle aux cheveux blonds parquée dans sa cellule. Alla-342, elle a dix-huit aneqs et déjà quatre enfants. Une reproductrice standard.

Quelle étrange sensation de voir cette femme gainée dans le symbiote noir, avachie sur son lit, se précipiter sur sa gamelle en poussant des grognements. Je m'attendais à voir une bête crasseuse, dans une nudité naturelle et je vois une femme qui aurait pu être ma sœur aînée.

Le bétail humain ne parle pas, le bétail n'a que des sensations basiques comme la faim, la soif et l'instinct de reproduction.

Je ne comprends pas comment la caste de maîtres puisse naître de matrices aussi stupides.


Les mâles ne valent pas mieux, ils sont là à tourner en rond dans leur cage, certains jouent avec les balles que nous leur donnons, ils attendent que deux choses, la gamelle et la saillie.

Tous les jours, à la même heure, les grilles s'ouvrent et les mâles rejoignent les femelles présélectionnées pour la saillie.


Cela fera partie de mon métier, la banque de gènes répertorie la liste des allèles existants et leur répartition au sein du bétail. C'est à l'aide de cette gigantesque base de données que je devrais décider des accouplements, veiller à l'enrichissement de la race en échangeant, selon les besoins, des spécimens avec les autres tours.

Notre race n'a pas choisi de se reproduire ainsi. Avant la persécution et l'exil, il existait des méthodes de reproduction artificielle. Mais ce monde sur lequel nous avons été jetés n'a pas les ressources nécessaires à telles cultures.

J'ai dû assister à une saillie. Ce mode de reproduction est répugnant, je comprends pourquoi les maîtres laissent cette corvée disgracieuse à leur bétail. J'ai du mal à ôter de mon esprit cette chorégraphie ridicule avec tous ces frottements et lèchis obscènes. Il y a quelque chose d'humiliant pour une femelle à laisser entrer un mâle de cette manière.

J'espère ne pas être contrainte à contempler de sitôt cet affligeant spectacle. Il y a des robots pour ça.


Publié dans chroniques du futur

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